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Choisissez bien les mots

  • Photo du rédacteur: Isabelle Sojfer
    Isabelle Sojfer
  • 17 juil.
  • 2 min de lecture
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Les mots sont importants. Non seulement ils servent à communiquer ce que l'on ressent, mais ils façonnent notre expérience. Ils agissent à la façon d'un mantra ou d'un conditionnement. Les phrases que vous vous répétez deviennent de l'autohypnose. Aussi suis-je catastrophée lorsque, sur les forums consacrés au deuil, je tombe sur des déclarations telles que « Avec ta mort, une partie de moi a disparu à jamais», “ C'est une douleur qui ne s'effacera jamais” ou « Je te pleurerai jusqu'à mon dernier souffle ».


Certes, les personnes qui écrivent ces phrases sont dans un indescriptible chagrin. Elles cherchent à exprimer leur amour et leur dévotion envers la personne disparue. Mais se rendent-elles compte qu'elles sont en train de créer ou d'entretenir des croyances qui accroissent leur peine au lieu de l'apaiser ?


Prenons la première phrase, «Avec ta mort, une partie de moi a disparu à jamais. » Il s'agit d'une image. Objectivement, aucune partie de vous ne disparaît. Au contraire, le deuil ravive la mémoire et fait ressurgir des kyrielles de souvenirs. Bien sûr, on se sent entamé quand on a perdu quelqu'un qu'on aimait, mais c'est encore une image. Bien sûr, les moments que l'on passait avec la personne défunte ne se reproduisent plus, mais ils n'ont pas disparu. Ils sont vivaces dans nos pensées. La réalité, c'est qu'on est là, entier, avec sa peine, qui est entière aussi.


Les deux autres phrases, « C'est une douleur qui ne s'effacera jamais » et « Je te pleurerai jusqu'à mon dernier souffle », sont carrément des programmes. Elles s'apparentent aux vœux - pauvreté, chasteté, obéissance - que prononcent les religieux quand ils entrent dans les ordres. Ce sont des vœux de malheur en quelque sorte. Pourquoi se condamner à la douleur perpétuelle ? Est-ce que ce n'est pas déjà suffisamment difficile comme ça ? Pourquoi en rajouter ?


Souvent, c'est par sentiment de culpabilité que les gens s'expriment ainsi. Ils s'en veulent de vivre alors que leur être cher est mort. Si c'est votre cas, il faut travailler sur cette notion avec un psychologue. Je parle d'un thérapeute par la parole plutôt que d'un médecin. Quelqu'un qui saura vous faire prendre conscience de vos représentations, et de votre droit fondamental à vivre. Regardez la nature : après n'importe quelle catastrophe, l'herbe repousse immanquablement. C'est la loi de la vie. Même si, suite à votre deuil, l'herbe ne semble pas repousser pour vous, n'hypothéquez pas l'avenir par des propos masochistes. Choisissez bien les mots que vous employez. Vivez votre peine actuelle (vous n'avez pas trop le choix), mais permettez au futur d'être un peu moins douloureux.


Ces considérations vous parlent ? Cliquez sur le petit cœur. Elles vous inspirent quelque chose ? N'hésitez pas à commenter.


Courage à vous.



 
 
 

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