Une course en solitaire ?
- Isabelle Sojfer
- 15 janv.
- 2 min de lecture
Bonjour à vous,
Meilleurs vœux. Mais si ! Même au fond du trou noir du deuil, ne boudez pas les gens qui vous envoient de bons vœux. Ce n'est pas si fréquent.
Il y a une cruelle vérité pas facile à admettre, mais dont tout(e) endeuillé(e) a pu faire l'expérience. Cette vérité, c'est que notre deuil, le monde s'en fout. Le monde poursuit sa course folle comme un canard sans tête. Il se fiche de notre deuil, non pas par méchanceté, mais parce qu'il ne sait quelle attitude adopter.
Notre entourage est mal à l'aise avec notre chagrin. Passées les premières semaines, l'endeuillé(e) a le choix entre dissimuler sa peine, faire semblant, ou voir ses amis le fuir s'il ou elle avoue la profondeur de sa détresse. Souvent, les amis conseilleront à la personne endeuillée d'aller consulter. Dans notre société, il est plus acceptable de prendre des médicaments addictifs et potentiellement dangereux que de laisser voir l'étendue de son chagrin.
L'endeuillé(e) se retrouve alors doublement éprouvé(e) : par la disparition de l'être cher d'un côté, et par l'incompréhension à laquelle il ou elle se heurte de l'autre, même au sein de sa propre famille.
D'où l'intérêt de se rapprocher, via des forums par exemple, d'autres personnes vivant une situation similaire. Une entraide mutuelle peut alors s'exercer. Mais même parmi d'autres endeuillés, on peut encore se sentir incompris(e). Personne n'est à notre place. Chacun est axé sur son histoire, son problème. Le deuil est une course en solitaire.
Pensez à ces gens qui traversent l'océan pendant des semaines, seuls sur un bateau de quelques mètres. Ils ont tout à faire, personne à qui parler, ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Pourquoi se mettent-ils dans cette situation ? Croyez-vous que ce soit uniquement dans l'espoir de recueillir un peu de gloire ?
Et si la solitude présentait un intérêt ? Si votre deuil pouvait vous permettre de rencontrer une personne merveilleuse dont vous ne soupçonnez pas l'existence bien que vous la croisiez chaque jour ? S'il vous amenait à découvrir votre meilleur(e) ami(e), et que votre meilleur(e) ami(e), c'était vous-même ?
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